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On peut définir l'hypersexualisation par l’usage de références à la sexualité dans la communication, en particulier dans la publicité, mais aussi à travers les différents champs artistiques comme dans la littérature, le cinéma, la peinture…

Mais l'hypersexualisation c'est quoi ?

Philippe Grange professeur agrégé de sciences sociales nous aguille

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Dans notre culture, les femmes continuent de subir un regard différent de celui qui est porté sur les hommes.

 

L’apprentissage des comportements à travers les relations sociales distingue un rôle féminin et un rôle masculin.

Bien sûr, la définition de ces rôles a changé.

Il ne s’agit plus d’enfermer les femmes dans un rôle domestique de mère et d’épouse tandis que les hommes seraient destinés à des activités extérieures.

 

Néanmoins, les femmes sont davantage jugées sur leur apparence que les hommes. Elles le sont par les hommes bien sûr, mais aussi par les autres femmes, qui ont intériorisé cette différence. Dans les métiers qu’elles exercent par exemple, l’attention portée à leur tenue vestimentaire, leur coiffure, leur silhouette, ce que les sociologues appellent leur parure en général est plus développée que ce n’est le cas vis-à-vis des hommes. 

Nous sommes dans un processus de sécularisation, autrement dit de déclin de l’influence des religions dans l’apprentissage des comportements sociaux, au sein du monde occidental.

 

La sexualité était enfermée dans les normes du mariage hétérosexuel, et avait pour sens la procréation, la fondation d’une famille nombreuse. Une première phase s’est produite au début du 20e siècle, notamment dans les années 20, appelées « les années folles ».

 

Depuis les années 60, le déclin de l’influence de la religion s’accélère, avec notamment l’affirmation d’une génération nouvelle, plus nombreuses que les précédentes, celle du baby-boom. L’usage de la pilule et d’autres moyens de contraception ont également libéré les couples de ces normes traditionnelles. La sexualité n’est plus dramatisée par ces enjeux moraux, elle s’apparente à un jeu dans la culture post-moderne, un jeu qui n’est plus forcément connecté à une nouvelle norme dans les couples.

 

Une nouvelle norme, celle de la relation amoureuse, définit le couple aujourd’hui, mais la sexualité n’est pas attachée à cette norme. Les deux coïncident souvent, mais on peut dire que la sexualité sort de ce cadre beaucoup plus librement qu’auparavant vis-à-vis des anciennes normes

Les sociétés sont inégalement marquées par le poids des religions dans la socialisation. La société américaine dramatise de ce point de vue encore beaucoup la sexualité, de même que les sociétés d’Europe de l’Est (Pologne, Russie).

 

Néanmoins, les références à la sexualité se sont banalisées très vite, dans les années 60 et 70 notamment, à partir des médias de masse (presse, télévision, et surtout internet aujourd’hui). Il n’y a pas eu de diffusion progressive des nouveaux codes des classes aisées vers les classes populaires contrairement à d’autres comportements. On peut seulement dire que dans nos sociétés profondément empreintes d’images, un contrôle social s’exerce pour limiter leur caractère explicite, notamment afin de protéger les enfants et adolescents d’une exposition à des comportements qui nuiraient à leur propre développement. Ce contrôle social émane plutôt des catégories aisées et moyennes.

Une évolution est elle observable ?

Comme tout processus social, il n’est pas irréversible. L’apparition du Sida dans les années 80, le retour des religions dans le débat public avec la question du voile des femmes de religion ou de culture musulmane par exemple ont à nouveau dramatisé les références à la sexualité dans la sphère publique. Plus récemment, la libération de la parole des femmes subissant des situations de harcèlement sexuel a souligné les dangers d’une banalisation. Si la sexualité demeure un jeu, il ne doit impliquer que les personnes libres d’y participer ou non, par définition donc des personnes majeures, dont le statut social (situation professionnelle notamment) ne doit pas introduire une inégalité relationnelle. La relation entre l’argent et la sexualité demeure très sérieusement encadrée en ce sens, avec par exemple des sanctions financières à l’égard des clients des prostituées.

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